Trottier et frères : la vie de marché en héritage

Les frères Trottier à leur kiosque du Marché Jean-Talon
Virginie Landry, Magazine Caribou
Portraits de famille

C'est Sylvain qui est derrière les longs étals remplis de fruits et légumes frais du kiosque familial lors de notre passage au Marché Jean-Talon. Ses frères et collègues, Michel, Jules et Luc, sont sur la route ou chez un fournisseur, ou alors s'affairent à recevoir des caisses de belles grosses oranges juteuses. C'est qu'ils sont occupés les Trottier !


Ces détaillants spécialisés en fruits et légumes sont des visages familiers au marché, et ce, depuis plusieurs décennies. Sylvain, qui a aujourd'hui 58 ans, estime qu'il travaille sur ce projet familial depuis déjà... 45 ans !

Photo de famille des Trottier
D’une génération à l’autre
Sélection de tomates fraîches

 

Aux premières loges des changements dans les habitudes de consommation des Québécois, les Trottier ont été témoins de l’évolution des familles d’ici. À un certain point, la demande était très forte. « Il est devenu difficile de produire nos propres fruits et légumes en plus de tenir un kiosque pour les vendre », explique Sylvain Trottier. C’est pourquoi ils ont décidé de concentrer leurs efforts à aller dénicher les meilleurs produits qui soient, ici comme ailleurs.

« On a fait le choix de se diversifier afin que notre clientèle retrouve de tout chez nous, souligne Sylvain avec fierté. La qualité des produits que nous allons chercher partout dans le monde est irréprochable », au plus grand bonheur de leurs plus fidèles clients. 

Au fil des années, les Trottier ont aussi tissé des liens durables avec les acheteurs grossistes et même avec ceux qui préparent leurs commandes. C’est Jules, un des frères Trottier, qui s’y rend chaque jour afin d’observer le va-et-vient dans les entrepôts. Œil de lynx, il connaît tous les stocks et s’assure d’obtenir les derniers arrivages pour offrir une qualité hors pair et constante.

Sélection de brocolis fraisGros plan sur de la menthe

Des visages bien connus

Sylvain répond sans aucune hésitation quand on lui demande ce qui le motive à continuer ce travail chaque matin : « Le contact humain et privilégié que j’ai avec mes clients. Ils nous connaissent par notre nom et prennent régulièrement de nos nouvelles ». Il cite en exemple une gentille nonagénaire qui vient chercher ses bleuets tous les dimanches, à 16h45. « Tout comme nous, cette madame a besoin du contact humain qui vient avec l’achat de nourriture. Elle ne veut pas acheter ses bleuets à une caisse automatique en libre-service. Elle veut voir un vrai visage, un vrai sourire ».

La clientèle est visiblement ce que les Trottier ont de plus précieux, outre la famille, bien sûr. 

« On ne se le cachera pas, on travaille beaucoup. On fait généralement des journées de 12 heures. Mes frères et moi, on peut être ici de 6 à 18 heures ». D’où la grande chance de pouvoir travailler en famille : « Il y a une grande compréhension entre nous et une bienveillance réciproque. Certainement une grande confiance, aussi », mentionne Sylvain, les yeux brillants, en parlant de ses frères. La fratrie n’hésite jamais à s’entraider et à se relayer pour donner une pause bien méritée à l’un ou à l’autre.

Les frères Trottier à leur kiosqueLes frères Trottier à leur kiosque

La grande famille des Marchés publics de Montréal est forte des producteurs, des marchands et des artisans qui la composent. Depuis des années et des générations, ils se lèvent tôt, expérimentent, ratent parfois, recommencent tout le temps, veillent, récoltent et réussissent ! Jour après jour, ils se tiennent fièrement debout derrière leurs étals comme au bout d’une table où ils nous invitent à manger. Ils sont le cœur et l’âme d’un marché, l’essence de sa personnalité, la raison pour laquelle on a envie d’y retourner. La série Portrait de famille tient à rendre hommage et à raconter l’histoire de ces piliers de nos Marchés publics.

Ce projet a été financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation dans le cadre du Programme d’appui au développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire en région.

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